Diretta : essai du target de chez Spec Corporation, le RMP-UB1 1


Depuis décembre 2020 et les essais de Diretta, cette solution de gestion de la charge Ethernet entre un serveur et un PC dit “target” relié en USB à un DAC, est finalement restée à demeure à la maison et est devenue mon moyen d’écoute privilégié. Vous pouvez relire, en anglais, le sujet sur Diretta ici ainsi que 2 articles (français et anglais) qui décrivent la mise en oeuvre de Diretta avec un target PC ou le SPEC RMP-UB1.

Les concepteurs de Diretta communiquent beaucoup sur le peu de mémoire et de charge associés au “target” et indiquent que des petits PC comme des LattePanda voire des Rasberry Pi suffisent largement. Pour avoir fait quelques essais, il faut noter que soigner l’alimentation d’un LattePanda ou d’un Pi4 améliore grandement la restitution. De mon côté le “target” est certainement surdimensionné en comparaison de ce que Diretta recommande, mais l’ajout de composants réseau et USB de qualité comme JCAT permet d’obtenir un niveau d’aération et de fluidité qui sont au dessus de ce qu’on peut obtenir avec un LattePanda. Il faut cependant relativiser car les niveaux de prix engagés sur une configuration LattePanda vs celle ci dessous sont sans aucune commune mesure comparables.

Carte Mère Asus P10S-i

CPU Xeon E1260L

Refroidissement passif et alimentation ATX HDPLEX 400W

JCAT USB XE

JCAT Netcard Femto

Diretta s’appuie donc sur une solution logicielle de transfert de donnée en ethernet sur IPV6 avec lissage des envois de paquets de données. Cependant Diretta, ne s’arrête pas qu’à la partie logicielle et son “business model” s’oriente sur des solutions OEM qu’ils fournissent à différents clients de différents domaines d’activité incluant la hifi. Diretta a donc développé une solution hardware embarquant son logiciel. Cette solution dénommé Lucia est visible sur ce lien. Dans ce sens, de grands noms de l’audio commencent à s’y intéresser et SPEC Corporation apparaît être un pionnier en proposant 2 produits dits “target Diretta” :

RMP-USB1 Ethernet & SFP

Les deux appareils se différentient uniquement par leur entrée réseau qui dans un cas est en ethernet et dans l’autre en SFP (fibre). Le modèle essayé dans cet article est celui avec l’entrée ethernet. SPEC a donc intégré dans un boitier dont le design est harmonisé avec le reste de la gamme, un module LUCIA avec une alimentation propriétaire et des entrées USB customisées notamment pour reprendre une signalétique de couleur au niveau du logo (Rouge : Démarrage en cours, Orange : DAC USB reconnu, Vert : lecture en cours). En ce qui concerne l’alimentation, alors qu’il s’agit d’un point majeur de la performance, peu d’informations sont disponibles. On retrouve les informations ci-dessous chez Stereosound.co.jp

High-quality analog power supply utilizing know-how as an audio maker Sound using large-capacity analog power supply and high-quality sound parts Realized making. A mica capacitor and an electrolytic capacitor are used to obtain a transparent sound.

A noter que les capa mica sont une marque de fabrique de chez Spec et vous pouvez retrouver des informations ici.

RMP-UB1 intérieur

Pour conclure sur la connectique, a l’instar de Ypsilon et de son Phaethon, le bouton ON/OFF est judicieusement placé sous l’appareil, proche de la face avant et facile d’accès. Le RMP-UB1 en ethernet présente

  • un port USB-A permettant de connecter un dongle Wifi dont l’intérêt m’échappe encore
  • une entrée USB-B de manière à transformer cet appareil en “host”. La fonctionnalité est supposée être disponible courant du printemps 2021. Là encore, pour l’instant, l’intérêt m’échappe.
  • Deux sorties USB-A afin de se connecter à un DAC en USB.

A noter que le RMP-UB1 SFP n’a pas la connectique pour le dongle wifi.

La finition bois-alu de cet appareil est en tout point remarquable et le châssis est partagé avec l’ampli RSA-888DT de la marque.

Maintenant que le tour du propriétaire est fini il va être temps de passer à la mise en oeuvre. Dans mon cas, rien de compliqué puisque le système est déjà configuré en mode Diretta. Il convient juste d’aller sur les paramètres du drivers ASIO installer sur l’host (ou serveur) et de choisir le target (SPEC_BRIDGE), et de vérifier les mises à jour dans “config“. Vous noterez que c’est bien le module LUCIA qui est détecté.

Une fois le bouton ON/OFF enclenché, il ne faut que quelques second pour que le logo de la face avant passe au orange donc prêt à la lecture le DAC étant reconnu. Une fois branché en Ethernet, l’appareil est tout de suite reconnu et je dois dire qu’en jonglant avec les câbles Ethernet, la reconnexion est très rapide et la connexion un modèle de stabilité. Sur mon PC optimisé, la reconnexion demande parfois de rebooter, ce qui n’est pas gênant en utilisation habituelle car on ne débranche que rarement son câble Ethernet. Le paramétrage de Diretta se fait comme avec tout target, via les paramètres du drivers ASIO sur le serveur.

Dans mon cas, les essais ont été réalisés sous Roon, et dès que la musique est engagée, le logo de la face avant passe sur un beau vert indiquant que tout est en ordre. Bien que pas forcément essentiel, cette attention de SPEC est plutôt du plus bel effet.

Premier constat, le rodage a été long. L’appareil, neuf, s’est stabilisé après une bonne semaine d’utilisation 24h/24 et a continué à évoluer jusqu’autour de 10 jours. Cela m’a fait pensé à certains produits de chez BelCanto comme le Refstream et son alimentation à découpage si performante mais ne supportant pas d’être arrêtée faute de devoir attendre 48h afin de retrouver une qualité sonore d’avant coupure. Difficile de dire si cela vient du LUCIA ou de l’alimentation, quoiqu’il en soit c’est un point à prendre en compte si l’essai se fait sur un appareil neuf.

Vous retrouverez ci-dessous quelques-unes des pistes mise en œuvre dans cet essai.

Ce qui frappe au premier abord et quand l’appareil est stabilisé, c’est le niveau de détails et l’étagement des plans. Ceci est d’autant plus flagrant sur le “Silent Way” de Wolfgang Haffner. On suit aisément les jeux des différents instruments et la dynamique des attaques de piano apporte une majesté dans l’interprétation. Si on passe maintenant sur la version live de “Fragile” de Nils Landgren & Michael Wollny, reprise d’un titre de Sting, l’aération et l’effet 3D sont les points marquants. La voix est incarnée et l’instrument non identifié en fond qui accompagne cette voix en fond crée un effet hypnotique qui nous laisse nous embarque dans le titre. L’arrivée du trombone de Niels Landgren autour des 3 minutes nous réveille légèrement, plus en arrière plan que la voix et on attend avec impatience après cet interlude le retour de cette voix tant incarnée.

“Day one” de la bande originale de Interstellar est un morceau envoutant de part l’intensité qui grimpe, crescendo, avec l’apparition de l’orchestration pas à pas. L’effet 3D et enveloppant, tant soit peu que l’on pousse un peu le son de cette piste au “Dynamic Range” (DR) élevé, est prenant et le Spec RMP-UB1 s’en sort bien mieux que mon PC survitaminé avec cartes ethernet (Netcard femto) et USB (USB XE) de chez JCAT alimentées en 5V par une alimentation Uptone JS2.

Finissons pas Lambchop qu’un voisin mélomane et expert du vinyl m’a fait découvrir chez lui. Au delà de la découverte, l’album “is a woman” est une merveille d’émotion simple et prenante. J’ai écouté ce titre chez cet ami en vinyl sur une platine AMG Viella et ce qui frappe c’est la présence de la voix et son impact en terme de matière. De retour à la maison, je saute sur ce titre sur Qobuz et lance avec mon target diretta survitaminé le titre “The Daily Growl” . Je ne retrouve pas cette présence et cet impact, certainement lié au vinyl. Quelques jours après je lance la comparaison avec le SPEC et là je retrouve cette émotion et cet impact que j’avais éprouvé avec la version LP.

En résumé et en comparaison d’un PC target Diretta survitaminé, ce SPEC RMP-UB1 est clairement une réussite de par sa simplicité de mise en oeuvre, sa qualité de fabrication, l’esthétique mais surtout la qualité sonore. Ce qui est assez jouissif sur cet appareil, c’est que l’impact des différents paramètres que le driver ASIO de Diretta propose (cf cet article) est plus marqué. J’ai l’habitude de naviguer sur Audirvana ou Roon entre les “preset profiles” dits “Sync” et “Sync-low” (sync-low est souvent utilisé avec HQPlayer car avec “sync” la charge CPU pour transcoder et upsampler en DSD128 est trop importante). Avec le SPEC, je reviens finalement rapidement vers le profil “sync” avec une latence en “prefer” et un buffer en général à 4. Dans cette configuration le SPEC apporte bien plus que ma configuration standard en termes de détails, d’aération et d’ouverture. L’association Diretta est SPEC est sans aucun débat une association réussie qui ouvre bien sûr d’autres interrogations notamment sur la performance de l’alimentation maison de SPEC : pourrait on aller plus loin ? Et quid des fonctionnalités “HOST” mentionnées sur le manuel. Bref encore beaucoup d’aspects à découvrir, j’espère dans les semaines à venir.

Un grand merci au distributeur de SPEC en France, Patrice ALAPETITE de Next Audio (Facebook), qui a bien voulu me prêter cet appareil pour cet essai. Merci de sa compréhension et support pendant les longues phases de rodage.

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