J’ai eu la chance d’avoir à la maison pendant quelques semaines un Metrum Acoustics Pavane ce qui m’a permis, une fois n’est pas coutume, de le tester sur différents systèmes et d’avoir également des retours d’audiophiles à qui je l’avais prêté.
Après deux bonnes semaines de rodage à temps complet, ce DAC a donc été testé sur les systèmes suivant en ma présence :
- mon système, à savoir, en comparaison d’un DAC Metronome C8 et avec comme source un dCS Network Bridge ou un Metrum Ambre
- un ampli en 2A3 PureSound et enceintes Zu Audio Soul Supreme en comparaison avec Metronome C5 et un Metrum Ambre.
- un ampli hybride absolare, un ampli en 2A3 DiY et des enceintes DiY sur base de drivers full range de chez Voxativ en comparaison avec un BAudio B.DPR avec comme source un Aurender W20.
Certains diront que le Pavane (6k€ avec TVA) est comparé avec des produits bien plus chers, quoique le C5 de chez Métronome doit être dans la même gamme tarifaire (7k€) mais, il faut bien savoir se battre avec plus fort si on veut gagner en crédibilité. La vente directe permet de limiter dans le meilleur des cas la marge de distributeurs et revendeurs, et de faire bénéficier de cette marge au fabricant et au client. Dans certains cas, cela ne reste que de la théorie.
[wds id=”7″]Le Pavane est donc un DAC NOS (Non Oversampling) R2R basé sur les modules Transient de Metrum Acoustics. Le produit au dessus en terme de gamme est l’Adagio . Ces produits sont en tous points identiques hormis la présence d’une gestion de volume pour l’Adagio. Il est équipé de 4 DAC par canal en mode différentiel. Il présente des sorties sur connectique RCA ou XLR et des entrées de type : SPDIF (BNC et RCA), AES/EBU, optique Toslink et dans mon cas le module USB M2TECH a été remplacé par un module i2S afin de pouvoir faire communiquer au travers d’une liaison optimisée, le Pavane et le transport réseau Ambre. Il s’agit du dernier modèle de Pavane avec les dernières puces. Il ne manque que le module MQA qui n’est pas franchement d’une grande utilité sur un DAC NOS mais aussi dans les faits puisque seul TIDAL propose du streaming de ce format avec perte.
Ce Pavane a demandé de très nombreuses heures de rodage (2 semaines 24/24). Les premières notes sorties de ce dac ne lui rendaient franchement pas grâce : métallique, sans relief mais déjà détaillé. Après ce moment de rodage, les écoutes proprement dites pouvaient commencer. En préambule, et je pense l’avoir déjà exprimé, je ne suis pas un grand adepte des DAC R2R à qui je reconnais volontiers de grandes qualités notamment sur les timbres mais qui, sur du long terme, deviennent ennuyant avec une écoute qui manque d’attaque. Je me permets ce constat car que l’on parle de TotalDac (D1 Dual), de Rockna (Wavedream), de Aqua (Formula) voire du petit MSB Analog, le verdict a toujours été le même. Seul le TotalDac Twelve a réussi à me procurer énormément de plaisir avec cette technologie. Qu’en était-il du Pavane ?
Les premiers essais ont été réalisés avec les sources en AES (dCS Network Bridge et Ambre). La première des choses qui frappe est que le manque d’attaque est bien présent (en comparaison de mon DAC de référence) mais dans une mesure bien moindre que sur les DAC cités en comparaison. Je pourrais même me laisser prendre à vivre avec ce DAC sur cet aspect particulier. Sur les autres aspects, ce qui frappe en premier lieu c’est la précision du Pavane sur les placements et sur la profondeur de scène. Les instruments sont très bien détourés permettant un suivi particulièrement précis des différents jeux des instruments. Cependant, et au delà du manque relatif de vie des restitutions, ce qui frappe le plus est le manque d’ouverture de scène (ca joue en profondeur mais pas en largeur) et des basses écourtées bien que tendues et propres. Bien sûr on pourrait compenser avec des câbles et le passage sur des modulations de chez Bibacord aide à rétablir un certain équilibre, mais le problème est ailleurs. Bien sûr, au passage, on se repose toujours les mêmes questions notamment quant à la phase : après vérification tout était en ordre et un changement de câble secteur n’a pas changé radicalement le rendu. Le passage à une source en i2S, l’Ambre, apporte plus de fluidité dans la restitution mais ne change pas le caractère général du produit sur ce système. En résumé, et dans cette configuration, et malgré un produit attachant, je ne pourrais pas vivre avec longtemps de part son côté (trop) détaillé, son manque d’ouverture sonore qui contribuent à une écoute lassante en comparaison avec un Metronome C8.
L’étape d’après, puisque j’avais du temps, a été d’essayer le Pavane sur un système totalement différent, avec une amplification tubes, DAC Metronome C5 et enceintes Haut Rendement Zu Soul Supreme. Je pensais réellement trouver une différence en terme de rendu par rapport à mon système mais, globalement, le ressenti est le même : manque d’ouverture, ça joue entre les enceintes et basses écourtées. Cet aspect est d’autant plus flagrant qu’après 2 heures d’écoutes et le passage sur le Metronome C5 redonne un sourire non dissimulé au maître des lieux. On retrouve une bande passante élargie, propre sur toute sa largeur, une ouverture de scène sans commune mesure. Alors oui, on y perd en détails mais cette cohérence de scène sonore est pour moi plus importante que tous les détails trop ciselés que le Pavane propose. Finalement quel que soit le système, bas ou haut rendement, le ressenti est le même et ce Pavane n’arrive pas à m’emballer.
J’ai ensuite proposé à différents Haut-Savoyards de tester le couple Pavane/Ambre pendant quelques jours sans ma présence, des fois qu’elle oriente le jugement. Je les laisserai s’exprimer ici ou ailleurs s’ils le souhaitent quant à leurs ressentis dans leurs configurations propres.
Dernière étape du “Pavane Tour” la semaine dernière lors qu’une écoute avec 6 paires d’oreilles bien affûtées avant l’apéro. Dans cette troisième configuration, le Pavane a été comparé au BAudio b-DPR, en SPDIF (câble HABST 5N Cryo). En étant direct, je dirais que l’écoute du Pavane a accéléré le mouvement vers la cuisine et l’apéro tant le rendu précédent a été confirmé. Certains adjectifs ont même été rajoutés tels que “plat”, “manque de matière” etc…
J’aurais pu disserter sur les titres écoutés, sur les différents essais de câbles qu’ils soient secteurs, AES, SPDIF voire ethernet pour l’i2S mais globalement ça ne change rien à la conclusion et ceci malgré les différentes configurations sur lesquelles il a été essayé. Ce produit est intéressant de par son positionnement tarifaire en vente directe, et du moins pour ma part, va largement plus loin qu’un TotalDac D1 Dual ou Aqua La Formula en terme de précision et d’attaque de notes, de capacité à créer de la musicalité et bien sûr de transparence. Ce dernier point est certainement à attribuer au fait que le Pavane ne présente pas d’étage de sortie. Cependant il manque du liant pour en faire un candidat à aller chercher des DAC sur puces et non R2R (notamment AKM autour de 7-10k€), ou présentant des qualités bien plus importantes à mes yeux (restitution vivante représentative de l’intention de l’artiste par exemple) tels que un Metronome C5, un BAudio b-DAC. Je ne pourrais pas vivre longtemps avec ce type de restitution que certains pourraient caractériser de “Cigare/Fauteuil/Whisky”. J’entends que cela peut paraître étrange alors que j’ai été plutôt positif sur l’Amethyst (petit ampli/dac casque de la gamme Metrum) et pour être franc je ne sais pas d’où cela peut venir : mon côté novice dans l’écoute au casque, un rendu mieux “maîtrisé” par Metrum sur l’entrée de gamme….Je suis bien sûr prêt à me remettre en cause et ouvert à ce que l’on me prouve le contraire. Il n’en demeure pas moins que je considère ce Pavane comme bien meilleur qu’un Totaldac D1 Dual, un Aqua La Formula ou un MSB Analog qui ne jouent pas dans la même division tarifaire. Ceci est certainement lié à son absence d’étage de sortie qui lui confère une transparence que les DAC R2R cités précédemment ne possèdent pas, du moins au niveau atteint par le Pavane.
En attendant je continue à apprécier au quotidien la qualité d’une source telle que l’Ambre, qui me semble être de plus en plus appréciée en France, mais également du petit ampli Amethyst qui me ravit de jours en jours lors de mes écoutes nocturnes avec mon casque Sennheiser.
Ce retour n’engage que moi et mes goûts personnels. Pour clarifier auprès de quelques personnes qui sont revenues vers moi directement, je n’ai rien contre les DAC R2R. Je n’ai juste pas trouvé un DAC sur cette technologie qui me fasse vibrer au point de le conserver sauf un Totaldac twelve que je n’ai jamais possédé et mon petit Metrum Amethyst. Cela ne m’empêche pas de continuer mon éducation et peut être qu’un jour j’écouterai un Denafrips Terminator ou autre R2R réputés. Quoiqu’il en soit ce n’est pas un appareil à acheter sans écoute, ce qui devrait être le cas la plupart du temps. On m’a rapporté quelques critiques pas très constructives d’un forum en particulier où le possesseur ne se retrouve pas dans mon retour. Ce n’est pas un problème en soit, tout est une histoire de goût. Cependant mettre en cause ma capacité à mette en œuvre le produit me gêne un peu plus notamment en raison des nombreux systèmes sur lequel ce Pavane a été écouté et le nombre de personnes (supérieur à 10) qui ont pu l’ecouter dans de bonnes conditions. Cependant que doit on attendre d’une personne qui a acheté ce produit sans l’ecouter : pas facile d’avouer qu’on s’est fourvoyé ou identifier/partager les points faibles du produit. Cela demande un peu d’introspection, de bonne foi et d’honnêteté intellectuelle.
Ce DAC Pavane est passé entre de nombreuses oreilles dans les dernières semaines. Elles sont les bienvenues ici ou ailleurs pour partager leur ressenti.
j ai pris du plaisir a vois lire.
Que mensez vous du b audio dac par rapport au ttldac 12?
Bonjour Samy, les deux dacs ne jouent pas dans la même cours. La restitution est un peu différente mais comment ne pas succomber à la transparence et à la fluidité d’un TotalDac D1 Twelve qui est sans commune mesure.