Monomaniaque#2


L’été m’ayant éloigné de l’écran et de cette écoute musicale active et spécifique qui oblige à se relever toutes les vingt minutes pour changer la face d’un disque (j’avoue avoir eu recours à la dématerialisation familiale dans l’intervalle), l’automne m’invite enfin à reprendre notre discussion monomaniaque. Le Lp mono donc, se distingue du stéréo en reproduisant le même signal audio sur les voies droite et gauche d’un système stéréo. Ainsi peut-on parler d’un “double mono” ou d’une “fausse stéréo”, le même signal audio arrivant de chaque coté – alors qu’il fut conçu, enregistré, mixé et masterisé pour être écouté sur UNE SEULE enceinte ou poste de radio.

ONE AND ONLY

On soulignera donc qu’une véritable écoute mono devrait s’opérer dans les conditions d’écoute d’origine: une seule enceinte – de préférence d’époque (haut rendement, coaxial ou large bande) et via une amplification à tubes, l’ampli à transistors domestique étant à peu près contemporain de la fin du règne du format mono.
On admettra volontiers qu’une telle démarche puisse passer pour un symptôme d’idiophilie avancée, sans toutefois omettre d’apprécier la simplicité efficace d’un système d’époque: un seul ampli, une seule enceinte, une platine et des disques.

SIZE MATTERS

Autre différence majeure entre pressages mono et stéréo réside dans la taille et la profondeur du sillon gravé et sa lecture avec une cellule et diamant adaptés.
Le sillon mono reproduit un signal uniquement horizontal qui laisse de coté tout signal vertical, notamment les bruits de surface générés que transmet le diamant stéréo.
Autre spécificité, le sillon mono est plus large que le sillon stéréo et requiert donc un diamant dédié, originellement de 1 mil au lieu de 0.7mil pour un stylus “moderne”. 0.7 mil /18 microns et 1 mil/ 25 microns – d’où l’appellation 25 pour l’Ortofon CG25 ou la Denon OM25

Differences de stylus mono vs. stereo

Alternative souvent plébiscitée par les fans de mono, la DL102 est une cellule mono ET “stéréo compatible”. Conçue à l’époque par Denon pour une utilisation broadcast de la radio japonaise NRK, afin d’éviter de devoir changer de cellule selon les disques mono/stereo. Malgré sa plage de fréquence quelque peu écourtée ( NRK diffusant en signal AM only) la DL102 a l’avantage de pouvoir profiter d’un Lp mono ancien, tout en limitant les craquements d’un Lp stéréo usagé de manière significative.
la DL 102 est toutefois une cellule MC dont le signal nécessite un transfo adapté malgré son relatif haut niveau de sortie, rajoutant de fait un élément supplémentaire à l’attelage prévu à l’origine pour rester le plus simple possible, selon l’adage essentiel K.I.S.S : Keep it Simple, Stupid.

Longtemps j’ai repoussé l’idée du système mono dédié pour de mauvaises raisons, en premier lieu, celle de croire qu’un système stéréo est forcément supérieur. On admettra sous forme de lapalissade que c’est effectivement vrai si l’essentiel d’une discothèque est en stéréo.
Mais guidé avant tout par l’esprit de collection, les repressages stéréo de ma discothèque ont peu à peu été remplacés par les  originaux mono. Ecoutés dans la plupart des cas en “fausse stéréo”, les Lps mono semblaient mieux sonner que leur version plus tardive, voire mieux que la version originale stéréo. La présentation du son me semblait plus naturelle, avec un grain plus prononcé dans le grave, évitant aussi la séparation parfois quelque peu artificielle de la stéréo plaçant l’instrument solo d’un coté et la rythmique de l’autre. Je finis par me rendre à l’évidence, j’étais mûr pour un système mono que j’envisageai modeste et KISS avant tout.

De mes tribulations audiophiles passées, je conservais mes tout premiers amplis à tube, une modeste paire d’amplis monoblocs des années 60, des Heathkit révisés et optimisés, basés sur un schéma Mullard 5/10 éprouvé et dotés de tubes EL84, un tube très vivant et musical. Un préampli phono conçu avec une fonction mono les compléta et le choix de la cellule s’effectua pour test en mode budget via une Ortofon OM25. Enfin, l’occasion d’acquérir une enceinte d’angle des années 50 assez rare, une Philips AD5003 dotée d’un boomer et de deux tweeters, acheva de me convaincre de passer le pas.

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