Metrum Acoustics : Ambre & Amethyst, une association évidente 6


Système de test : Metrum Acoustics Ambre et Amethyst, Sennheiser HD800S

Suite aux différents essais de l’Ambre que j’ai pu réaliser, et ayant dans l’idée de mettre de nouveau en oeuvre un système autour de mon casque Sennheiser HD800S, j’ai entrepris d’associer l’Ambre au petit ampli casque/dac de Metrum Acoustics : l’Amethyst.

Cet ampli casque/dac est conçu sur la base de 2 modules de conversion R2R Transient (un par canal). A noter qu’il s’agit des dernières versions de ces modules propriétaires (Dac TWO). Ces modules sont associés à un FPGA qui permet de régulariser le signal en entrée. Ce DAC fait donc partie de la lignée des DAC NOS (Non Over Sampling) (un petit article qui explique la différence entre des DAC NOS, Delta-Sigma et DSD). Le DAC accepte donc en entrée des signaux uniquement PCM, jusqu’à 384kHz en 24bits sur l’USB, 24bits/192kHz sur l’entrée SPDIF RCA et 24bits/96kHz sur la Toslink. 

La section amplification casque quant à elle est donnée pour pouvoir piloter des casques jusqu’à 16 Ohms. Elle s’appuie sur une alimentation de 30VA semblable en terme de conception à celle de l’Ambre. Le bruit de fond est donné pour 145db à 2V RMS. Cet ampli casque/dac ne présente donc pas d’étage de sortie à l’instar des TotalDac Twelve MK2 ou TotalDac Direct. En cas d’utilisation de la partie DAC, la section amplification casque n’est pas active et toute la puissance est associée à la partie conversion.

L’Amethyst, comme les dac plus hauts de gammes tel que l’Adagio ou le Pavane peuvent bénéficier d’un module complémentaire pour la gestion du MQA (uniquement en streaming sur Tidal aujourd’hui). Si le module est implanté, seuls les signaux MQA seront traités : tous les autres signaux hors MQA seront directement redirigés vers le DAC sans passage dans le module MQA.

En terme d’entrées et sorties, l’Amethyst présente donc :

  • une sortie analogique sur connecteurs RCA (2V RMS)
  • deux entrée numériques SPDIF sur connecteurs RCA
  • une entrée numérique optique Toslink
  • une entrée USB sur la base de module HiFace Two
Arrière de l’Ambre (haut) et de l’Amethyst (bas) – Ah ben zut y’a plus de vis à l’arrière de l’Ambre 🙂
A noter les inversions de phases entre l’Amethyst et l’Ambre : Attention !!!

A noter que dans mon cas, l’entrée USB a été remplacée par une entrée i2s afin de pouvoir bénéficier de cette norme/connectivité entre l’Ambre et l’Amethyst. Cette connectivité est assurée par un câble ethernet avec connexions RJ45.

Arrière de l’Amethyst avec entrée USB modifiée pour recevoir l’i2S ethernet

L’Amethyst est disponible en façade noire ou argent. Les dimensions et le boitier sont exactement identiques à ceux de l’Ambre, ce qui en fait en terme esthétique un ensemble homogène. La face avant présente 6 Led (Coax 1 & 2, Optical, USB et donc i2S dans mon cas) pour les entrées, une led “Standby” et une led “Error”. Le passage d’une source à l’autre se fait en pressant le bouton ON/OFF ce qui fait que si vous voulez passer de l’entrée USB à l’entrée Coax1 vous repasserez obligatoirement par un mode “Standby” : pas génial quand on a plusieurs sources. Le bouton de volume, quant à lui, de par son design ne demande qu’à ce qu’on appuie dessus afin de le voir sortir et l’actionner facilement. Et bien il n’en n’est rien : ce bouton reste insensiblement dans son espace et le petit renfoncement ne sert qu’à y mettre son doigt afin de régler le volume. Ce n’est pas simple, voire même agaçant sachant qu’il n’y a aucune télécommande pour piloter le volume de cet ampli casque.

Le dernier invité en face avant est donc le jack 6.35mm qui viendra accueillir votre casque. Pas de jack 3.5 mm, ce qui témoigne de la volonté de Metrum Acoustics de positionner cet ampli casque / DAC sur le registre hifi.

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Après ces présentations, il est temps de penser aux différents essais. Ces derniers ont été réalisés dans les conditions suivantes :

Sennheiser HD800S

Mon expérience avec des dac R2R ladders n’a jamais été franchement une réussite et ceci malgré le fait que j’ai possédé un TotalDac D1 Dual pendant quelques mois. Les quelques DAC de ce type qui sont passés chez moi ou que j’ai pu écouter dans de bonnes conditions (bien sûr le TotalDac D1 Dual, Rockna Wavedream, MSB Analog, Aqua Formula,..) m’ont toujours séduit par leur timbres et leur chaleur mais également toujours déçus par leur côté “manque de rythme”, d’attaques, un côté plan-plan qui ne sied pas à mes goûts. Seul le TotalDac D1 Twelve a fait exception. Dans ce sens l’écoute de ce DAC R2R ladder s’annonçait avec beaucoup d’a priori.

Les écoutes ont commencées après 3 jours de rodage de ce produit arrivé neuf. La restitution s’est stabilisée après une petite centaine d’heures. Les écoutes se sont faites en premier lieu avec le câble SPDIF Coincident Statement et la distribution RoPieee livrée avec l’ambre. Ces écoutes se sont articulées autour des titres suivant :

Sans faire durer le suspens, cet ampli casque/dac sur base R2R Ladder n’a rien à voir avec ce que j’ai pu entendre dans le passé (TotalDac, Rockna, Aqua, MSB,…). Le caractère contenu de ces derniers en terme d’attaques et finalement avec un sentiment que tous les titres jouaient pareils, ne se retrouve pas du tout sur ce tout petit dac. On retrouve dans les restitutions un sentiment de musique enjouée qui respecte l’interprétation des différents acteurs. 

Dans cette configuration, je ne ressens aucune limitation dans la bande passante. La scène sonore est parfaitement retranscrite en largeur et profondeur notamment sur le Jonasz, et le Patricia Barber. Les plans sonores et la qualité des silences font que la reprise de Noir Désir par Sophie Hunger, “le vent nous portera”, permettent de suivre parfaitement les différents jeu de cymbales et percussions. La dynamique n’est pas en retrait (autour de 2,30min sur le Vent nous portera ou sur le Patricia Barber avec les coups de contrebasses 2.02min et 2.19min) et contribue fortement au côté jubilatoire de ces écoutes. Les timbres sont “vrais” et on ne retrouve aucun aspect coloré dans la restitution qui se veut transparente sur toute le spectre. Le superbe enregistrement Deutsche Grammophon de Alisa Weilerstein en est le parfait exemple (prise de son exemplaire) : richesse des harmoniques, timbres, incarnation, silences, etc.. Le Sennheiser n’est pas le casque le plus compliqué à “driver” et son côté ouvert en terme de scène sonore est parfaitement servi par cet association ampli/dac/streamer.

On pourrait penser que la restitution puisse être un peu “sèche”, manquant de matière, de densité voire même de subtilité dans les basses. Un passage par le “Paradis Perdu” de Christine & the Queens et le “Dark Nights, Darkest Days” de Avishei Cohen Triveni démontre tout le contraire. Les basses sont pleines de subtilités et de nuances sur ces deux titres et ceci malgré une compression assez élevé sur le “Paradis Perdu”. Le “Dark Nights, Darkest Days” permet de mesurer parfaitement la capacité de ce système à restituer sans distorsion et difficulté pour l’amplification la bande passante de ce titre (Trompette, grosse caisse, cymbales).

Comparaisons entre SPDIF et i2S

Tout en conservant la même configuration, il est temps de passer sur la restitution sur l’i2s. Je commence avec le câble Pachanko (Made in La Réunion !!!). J’avais pu il y quelques mois essayer une liaison i2s entre un Rockna Wavedream et un Wavedream Net au travers d’un câblage HDMI. Dans cette configuration, l’apport de l’i2s était indéniable sur quasiment tous les plans : scène, aération, dynamique. Dans le cas de la configuration Ambre / Amethyst, la liaison i2s est supérieure sans contestation possible à la SPDIF qui pourtant ne m’avait pas paru être en difficulté. Cela se traduit par une dynamique accrue, une meilleure maîtrise du rythme et des attaques et je dirais même un bruit de fond encore repoussé d’où, certainement, la meilleure microdynamique.

Le remplacement du Pachanko par un SoTM CAT6 HG a également contribué à une amélioration significative : plus de matière, plus de densité, plus d’émotions notamment dans le medium. La question qui reste en suspend est de savoir si cette amélioration est liée à la qualité intrinsèque du câble SoTM ou au fait qu’il soit uniquement en 20cm versus les 50cm du Pachanko : la longueur de la liaison i2S demeurant une question importante quant à la performance. Il aurait fallu que je teste avec un SoTM Cat6 HG de 50cm que je n’ai pas sous la main.

Influence des distributions de l’Ambre

La dernière étape a été de comparer l’influence de différentes distributions comme je m’y étais engagé dans le test de l’Ambre. Pour rappel, Metrum Acoustics autorise l’ouverture du boitier afin d’installer une distribution autre que celle d’origine sur RoPieee et pouvoir bénéficier de serveurs tels que LMS, MPD, UPnP etc… Cette ouverture n’enlève en rien la garantie. Metrum Acoustics travaille à proposer des distributions optimisées par leurs soins. Cela demande un peu de travail (la led bleue de façade clignote quand ce n’est pas une distribution RoPieee qui est installée en raison des certifications chez Roon) et cela devrait être proposé rapidement pour répondre aux utilisateurs les plus frileux et/ou réfractaires, à installer une distribution. 

Pour en revenir aux distributions, picoreplayer (v4) et RoPiee (v32) ont la particularité de se charger en RAM et donc de limiter les adressages entre la carte micro SD et le Raspberry Pi. J’ai pu donc comparé :

  1. UPnP avec Dietpi (minimserver sur PC dédié)
  2. Roon bridge sur Dietpi (Roon server sur PC dédié)
  3. Squeezelite sur Picoreplayer (LMS server sur PC dédié)
  4. Roon en Squeezelite avec Picoreplayer (Roon server sur PC dédié)
  5. Roon avec RoPieee (Roon server sur PC dédié)

En terme de préférence, je trouve que l’UPnP et Roon sur Dietpi sont en retrait : dynamique moindre (surtout micro dynamique), moins fluide. Il est difficile de faire une véritable distinction entre LMS sur PicorePlayer ou Roon via Squeezelite/Picoreplayer et RoPieee. Le fait d’être chargé en RAM et d’utiliser un Kernel RT doit contribuer à améliorer la performance de l’Ambre dans ces configurations. Il faut reconnaître que Roon est légèrement plus “rond” et “chaleureux” avec RoPieee et l’utilisation de Picoreplayer/Squeezelite dans Roon apporte de ma densité, de la matière avec un poil moins de rondeur.

Bref tout ceci n’est qu’une histoire de goût car, dans l’absolu, les écarts sont ténus et quelle que soit la configuration la restitution demeure incroyablement enivrante.

CONCLUSIONS

Au fil de ces essais, on doit admettre qu’il y a quelques points qui sont plus étonnants que gênants, tels que le bouton de volume ou la sélection des sources voire même le fait que si on ne remplace pas l’USB de l’Amethyst par de l’i2s la seule connectique commune est le SPDIF RCA.

Si maintenant nous nous focalisons sur la restitution sonore, cette association Ambre/Amethyst est une réussite. Cette réussite devient totale quand on peut utiliser la liaison i2S en lieu et place de la SPDIF. Le câble ethernet assurant la liaison n’est pas étranger à la performance. Cette association m’a fait complètement mes a priori sur les DAC R2R Ladders, Metrum Acoustics étant définitivement dans une autre logique de restitution en comparaison de TotalDac, Rockna et consorts. Au cours de ces deux mois d’essais je me suis réconcilié avec l’écoute au casque, même si elle reste pour moi un second système qui permet de se détendre à des heures ou le système principal doit demeurer éteint. Les distributions en kernel RT apportent un plus à la restitution globale notamment en terme de fluidité et de dynamique. 

Cet Amethyst drive mon Sennheiser de main de maître, avec autorité et subtilité proposant de grandes richesses tonales et harmoniques sur tout le spectre. Que demander de plus ?

Bien sûr il aurait fallu pouvoir tester cet ensemble avec des d’autres casques afin de valider la qualité de l’Amethyst. Certainement un article à faire évoluer au fur et à mesure des rencontres et des casques qui pourraient passer à la maison. En attendant, Metrum Acoustics a la gentillesse de me prêter un DAC plus haut de Gamme “Pavane”. Un bon moyen de valider les design de ces dac R2R en comparaison de mon système de référence avec, en plus, la possibilité de tester l’Ambre en I2S et AES en face d’un dCS Network Bride en AES.

Comme tout streamer, quelques optimisations sont possibles autour des cordons secteurs, des câbles ethernet internes et externes, des fusibles mais également des paramètres des différentes distributions. Un terrain de jeu assez large qui va demander un peu de temps en terme d’exploration. A suivre….

Considérations Tarifaires

Metrum Acoustics propose un “bundle” Amethyst et Ambre à 1850€ HT (sans module i2s).

L’Ambre et l’Amethyst sont respectivement proposés à  995 et 899€ HT.

Un prêt de 30 jours moyennant le paiement des produits est proposé.


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